La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire
La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire
Essai écrit par Fatima Ouassak
La Découverte, 2020 (272 pages)
Présentation par la maison d’édition
Comment porter quelque lutte que ce soit quand on est racisée dans un pays où le racisme est systémique, structurel ?
Si votre sujet est universel, c’est que vous avancez « masquée », vous êtes taxée d’« entrisme », de « communautarisme », y compris dans un syndicat de parents d’élèves. Si vous quittez une organisation qui n’a pas de perspective antiraciste pour militer dans une structure autonome, alors vous êtes « séparatiste ». Si vous n’êtes pas contente, on vous engage à aller dans le privé. Si vous ne participez pas au débat public, vous êtes démissionnaire. Il semble qu’il n’y ait pas de place pour la parole des personnes racisé·es, dans l’école comme ailleurs. Il faut « lutter pour avoir le droit de lutter », écrit Fatima Ouassak.
À ce qui ressemble à une impasse, elle a trouvé une issue : avec une détermination sans faille, nourrie par son amour de mère (catégorie politique), elle mène des luttes collectives de quartier, à Bagnolet, pour ne pas laisser à l’État, à l’industrie agroalimentaire, le pouvoir de choisir à la place des parents. Des luttes victorieuses et inspirantes.
Fatima Ouassak est politologue, créatrice du réseau Classe/Genre/Race, cofondatrice du syndicat de parent d’élèves Front de mères. Forte de cette riche expérience, elle brosse un tableau limpide et percutant du racisme systémique, par le récit de réalités quotidiennes des mères racisées – en particulier à l’école –, et leur analyse dans un contexte plus global.
Le racisme systémique. Pas une prétendue « intolérance » individuelle qui rend les enjeux incompréhensibles, pas la croyance en des races biologiques, mais une machine à discriminer implacable, un continuum de violences, du berceau jusqu’à la tombe : violences gynécologiques et obstétricales, « désenfantisation », stigmatisation destinée à faire courber l’échine, tri social, orientation destinée à faire que les personnes racisées occupent des postes subalternes, précaires et mal payés, répression, violences, crimes policiers.
L’école a sa place dans ce racisme systémique, par définition présent dans l’ensemble de la société. Un racisme culturaliste, un racisme qui s’ignore, et c’est là tout le drame : à se boucher les oreilles, à ne pas vouloir voir, on ne se donne aucune chance de prendre conscience de la manière dont on le reproduit, d’identifier et de modifier des pratiques racistes.
La puissance des mères montre de manière tout aussi limpide et très concrète de quelle manière la question sociale, la question coloniale et la question de genre s’imbriquent et se renforcent les unes les autres dans la France d’aujourd’hui, notamment autour des questions d’écologie.
Fatima Ouassak invite les mères, figures délaissées du féminisme, à revendiquer en tant que sujets politiques, et au niveau local, l’égalité, la dignité, la sécurité, une planète respirable et durable pour tou·tes les enfants. À se réapproprier et à transmettre les luttes de l’immigration postcoloniale, car ce sont des « luttes invisibilisées, extériorisées, méprisées ».
NB : J’ai également publié cette présentation sur le site SVT Égalité.