De quoi sont faits les bébés ?

Posted by on octobre 13, 2020 in Document, Thèque | 0 comments

De quoi sont faits les bébés ?

Texte : Cory Silverberg
Illustrations : Fiona Smyth
Montréal (Québec, Canada), Dent-de-lion
2019 (35 pages) [2012]
Présentation de la maison d’édition

De quoi sont faits les bébés nous raconte non pas une mais potentiellement toutes les histoires de procréation et de naissance. Loin de l’histoire unique du « papa qui dépose la petite graine dans le ventre de la maman » – qui outre qu’elle reconduit l’idée patriarcale selon laquelle le principe masculin insuffle la vie tandis que le principe féminin n’en serait qu’un réceptacle, confond procréation, coït hétérosexuel et parentalité –, cet album pour les 2-6 ans environ est davantage connecté aux réalités de ce monde, aux diverses réalités des enfants, qu’elles soient les leurs ou qu’iels les côtoient.

Quand deux questions se posent qui demandent des réponses différentes : « d’où je viens ? » et « comment on fait les bébés? », comptez sur De quoi sont faits les bébés de Cory Silverberg, éducateur à la sexualité et Fiona Smyth, illustratrice, aux éditions québécoises Dent-de-lion.

La réponse est ici on ne peut plus inclusive : il faut un ovule, un spermatozoïde, un utérus, et des gens. Des gens qui désirent, des gens qui attendent, des gens qui utilisent ou donnent leurs gamètes, des gens qui aident…

Proche des réalités scientifiques et sociales, De quoi sont faits les bébés est un support pour accompagner les questionnements de l’enfant, pour raconter ensemble son histoire spécifique (« Qui a aidé à ce qu’un spermatozoïde et un ovule se rencontrent pour te créer ? », « Qui était content·e que ce soit TOI qui grandisses ? »), ou parler de la diversité des histoires qui peuvent entourer une naissance. Il est donc pour toutes les familles –LGBTIQ, adoptives, monoparentales, pluriparentales… ou non. C’est aussi un support pour remettre en question le récit de la « normalité » sous toutes ses formes.

L’écriture est évidemment inclusive : on parle en particulier des « corps » (« Ce ne sont pas tous les corps qui ont des ovules à l’intérieur d’eux. Certains en ont, certains n’en ont pas ») et des « personnes ». En ce qui concerne les illustrations, le parti pris de Fiona Smyth est d’utiliser la même forme de corps et de visage, très stylisée, quand il est question de « corps », et des couleurs de peau invraisemblables (bleu, vert, rose, violet, orange, jaune) quand il est question de « personnes », tandis que les traits du visage renvoient à différents phénotypes humains.

Cory Silverberg, l’auteur, propose un guide gratuit de 50 pages (en anglais) pour accompagner la lecture.

Je recommande chaudement ce livre, à mettre en toutes les mains des professeur·es de maternelle (où l’éducation à la sexualité a été supprimée en France en 2018), des familles, et des personnes accompagnant des enfants : personnel médical, d’éducation, psychologues… Il nous apprend à raconter cette histoire d’une manière qui ne risque pas d’exclure les personnes à qui on la raconte.