Sexe, ce drôle de mot

Posted by on octobre 20, 2020 in Document, Thèque | 0 comments

Sexe, ce drôle de mot

Texte : Cory Silverberg
Illustrations : Fiona Smyth
Montréal (Québec, Canada), Dent-de-lion
2020 (159 pages) [2015]
Présentation de la maison d’édition

On en a rêvé, Cory Silverberg et Fiona Smyth l’ont fait ! Après Comment on fait les bébés, un album destiné aux 2-6 ans, iels ont publié un livre d’éducation à la sexualité pour la tranche d’âge au-dessus : Sexe, ce drôle de mot.
Il évoque, au travers de quatre personnages, des scènes du quotidien des 7-12 ans pour les amener à se poser des questions sur leur rapport à leur corps, au genre, à la nudité, au toucher, à l’amour, à l’attirance pour une personne, aux mots utilisés…
Il donne aussi des informations sur les réalités corporelles sans présumer du genre des personnes concernées, en représentant leur variété avec des dessins figurant des attributs de corps d’enfants et d’adultes.
Cette approche devrait inspirer une éducation sexuelle qui ne se réduise ni à une approche binaire de l’effet de la puberté sur les corps, ni aux relations sexuelles et aux risques (de grossesse, de maladies, de violences sexuelles). Ici on parle de ses émotions, de son propre rapport à son corps, aux relations aux autres, aux normes, en adossant les prises en conscience à quatre valeurs de base : la confiance, le respect, la justice et la joie. Il s’agit de prendre acte du fait que les normes varient selon les familles, qu’il existe des lois, que ce qu’on aime, qui nous indiffère, nous dégoûte ou nous attire, peut différer d’une personne à l’autre, selon le contexte, etc.
De même que dans Comment on fait les bébés, les illustrations de Fiona Smyth représentent des corps très divers, en termes de taille, de couleur de peau (vert, bleu, violet, orange…), de corpulence, d’âge, de traits du visage, de « fonctionnalité » (on y trouve des personnes avec une canne, des béquilles, en fauteuil roulant), d’attributs (foulard islamique)…
L’écriture est tout aussi inclusive, que ce soit par l’usage de termes génériques (les gens, les personnes), de termes épicènes (même forme quel que soit le genre de la personne désignée), du point médian (cette forme d’abréviation concerne uniquement des termes pour lesquels formes féminine et masculine diffèrent par la lettre « e » finale) ou de pronoms neutres (illes ou iels).
Reste une interrogation sur la manière la moins discriminante de catégoriser les organes. Il y est question d’intersexuation, et jamais un genre n’est attribué à un organe, mais le fait qu’on trouve d’un côté « vulve, clitoris et vagin » et de l’autre « pénis, testicules et scrotum » semble aller à l’encontre de cette approche non binaire. Une solution serait peut-être que les similarités des corps soient davantage mises en avant (« organe érectile », « gonades ») comme dans les pages « mamelons » et « érections » (qui concerne aussi bien le clitoris que le pénis). Décidément, s’extraire de normes si intériorisées que celles du genre est un travail de longue haleine.